vendredi 3 septembre 2010

Chapitre 7 de Limonade - Episode 8

Dans le calme retrouvé, Corentin demanda :
– Et ta mémoire, elle est revenue ?
– Non, c’est comme si je n’avais jamais connu Gwenaëlle.

Mis mal à l’aise par cet aveu, Fabrice changea de sujet :
– Parle-moi d’elle.
– De Gwen ?
– Oui.

Comme à chaque fois qu’il devait s’exprimer à propos de son amie, l’adolescent se tut. Ses yeux clairs balayèrent le paysage, puis se fixèrent sur la pâtisserie qu’il tenait à la main. Habitué à ce comportement, son compagnon attendit qu’il ait grignoté la moitié de son cookie. En fin de compte, ses réflexions aboutirent et il commença à raconter :
– C’est à partir de la sixième que Gwen et moi sommes devenus très amis. À partir du jour de la rentrée pour être précis. Je m’étais perdu dans les couloirs du collège, alors je suis arrivé très en retard dans ma classe.

Compte tenu du tempérament de Corentin, cette situation n’avait rien de surprenant. Fabrice s’abstint néanmoins d’en faire la remarque et le laissa continuer son récit.
– Le professeur principal m’a demandé de me présenter au tableau, devant tous les élèves. Sauf que j’étais tellement stressé que je n’arrivais pas à parler.
– Gwenaëlle est intervenue ?
– Oui. Elle était au premier rang et m’a soufflé toute ma présentation.

Durant le reste du trajet jusqu’au pavillon, Fabrice ne dit rien. Cette anecdote avait renforcé son impression de s’immiscer dans une relation à la fois ancienne et sincère. Le simulacre d’affection qui existait entre lui et Gwenaëlle ressemblait à une copie terne de ce sentiment. Il culpabilisait de se placer en obstacle entre son ami et la fille dont il était visiblement amoureux. Pourtant, Corentin ne manifestait aucune jalousie à son égard.

Après une vingtaine de minutes de marche silencieuse, ils atteignirent la rue Courteline, puis traversèrent le jardin de la maison. Quand ils furent devant la porte, l’adolescent s’arrêta.
– Tant que j’y pense.
– Quoi ?

Il fit glisser les bretelles de son sac afin d’accéder à son contenu, puis tira une liasse de feuilles pliées en quatre de l’un des poches.
– C’est la liste des élèves appartenant aux classes qui se sont rendues sur le terrain de basket hier matin. Peut-être que l’un des noms te dira quelque chose.

Corentin prit les papiers et les rangea dans son blouson, puis ils franchirent la porte.

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