Un peu essoufflé, il contourna un faisceau d’arbustes dont les branches nues servaient de support à une toile d’araignée piquetée de gouttes de pluie. Il prit garde à ne pas emporter les fils de soie sur son passage avec l’idée de reproduire dans un dessin leur tracé géométrique. Cette envie lui sortit néanmoins de la tête dès qu’il eut atteint le centre de la clairière.
Presque sous ses pieds surgissait des feuilles mortes un champignon de belle taille, au chapeau d’un rouge très vif. Corentin, qui ne s’intéressait qu’à son allure et non à ses qualités gustatives, en fut ravi. Son professeur de biologie avait proposé à sa classe, comme devoir de vacances facultatif, de réaliser une étude des champignons qu’ils croiseraient.
Il sortit donc de sa poche une feuille de papier pliée en quatre et un résidu de crayon gris, tout juste assez grand pour qu’il puisse le tenir entre ses doigts. Accroupi dans l’herbe humide, il s’appuya sur son genou afin de réaliser une esquisse de l’amanite tue-mouche qui se trouvait sous son nez.
En quelques traits, il croqua son pied qui émergeait des débris bruns, y ajouta les détails et l’effet de volume qui rendirent son dessin réaliste, puis s’attaqua au dôme rouge. Il résista à la tentation de transformer ce champignon en maison de lutin ou en gnome endormi. Depuis que Fabrice avait manqué de disparaître dans la prison de cristal, il se méfiait de son imagination plus que jamais.
Lorsque, son dessin achevé, il se releva, il découvrit la présence d’autres amanites aux alentours. Il y en avait plus d’une douzaine de toutes les tailles qui délimitaient un cercle.
- Un rond de sorcière, s’étonna-t-il à haute voix.
Ce n’était que la troisième ou quatrième fois qu’il tombait par hasard sur cette étrange configuration de champignons. La première fois, il ne devait pas avoir plus de huit ans, le récit qu’il en avait fait Gwenaëlle lui avait attiré un ricanement moqueur. Son amie s’était ensuite empressée de raconter cette anecdote à sa propre sauce, brodant de fantastiques aventures qui avaient tenu la classe en haleine une semaine durant.
lundi 8 août 2011
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