Corentin envisagea un instant de représenter chaque champignon, mais le peu de place restante sur sa feuille l’en dissuada. Soudain, les feuilles mortes crissèrent sous les pas d’un visiteur. L’adolescent fouilla du regard les abords de la clairière jusqu’à remarquer une tache bleue se déplaçant entre les arbres.
— Ah, c’est toi, dit la nouvelle venue quand elle eut franchi le rideau de branchage.
L’apparition de Gwenaëlle laissa l’adolescent sans voix. Elle aussi avait dû marcher pendant un moment dans la forêt. Des mèches blondes s’échappaient de sa queue-de-cheval et formaient une auréole dorée autour de son visage. Tout comme lui elle avait les joues rosies et des traces brunes maculaient ses vêtements.
— Fais attention ! Il y a des champignons partout, indiqua Corentin.
— J’ai vu, figure-toi que c’est pour ça que je suis venue.
L’étincelle de surprise ravie qui dansait dans son regard démentait les paroles de Gwen. Vexé, pour la première fois depuis qu’il la connaissait, son ami sentit la colère poindre en lui.
— OK. Je vais te laisser en profiter tranquillement alors.
Il tourna les talons, prêt à rebrousser chemin et à rentrer chez ses parents. Cependant, sa compagne le retint.
— J’ai un truc à te dire.
Le cœur de l’adolescent s’emballa soudain, bien que le ton acide de Gwenaëlle lui laisse penser qu’il allait essuyer ses reproches.
— Tu connais Fabrice *nom de famille* ?
— Oui, on est dans le même lycée.
— Qu’est-ce que tu lui as raconté sur moi ?
Cette fois, il était évident que la jeune fille était furieuse. Son visage avait viré à l’écarlate, d’une teinte presque aussi soutenue que les amanites tue-mouches. Ne sachant que répondre, Corentin garda les yeux fixés sur les feuilles mortes à ses pieds. Il les releva néanmoins sous l’effet d’une colère grandissante. Cette émotion s’avéra suffisamment intense pour lui donner le courage de mentir à son amie tout en la regardant en face.
— Rien.
— Alors, comment tu expliques qu’il m’ait quitté si tu n’as à voir là-dedans ?
mercredi 10 août 2011
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