lundi 8 mars 2010

Chapitre 3 de Limonade - Episode 1

Le jour n’était pas encore levé lorsque le réveil sonna. Corentin resta deux minutes dans le noir avant de mettre fin aux bips stridents. Les chiffres lumineux rouges indiquaient cinq heures deux.

Encore ensommeillé, il sortit de son lit, quitta son pyjama pour un survêtement de sport et descendit l’escalier. Sa mère l’attendait dans la cuisine, une tasse de café à la main.

Il marmonna un bonjour, surpris de la présence maternelle à une heure aussi matinale. Pour une fois, il n’eut pas à faire chauffer son lait four à micro-ondes, le bol de chocolat chaud se trouvait déjà sur la table.

Autant de sollicitude était inhabituelle. Corentin la remercia tout en soupçonnant un lien avec la conversation de la veille.
— Je sais que tu trouves que ton père a été trop dur avec toi hier soir.
— Un peu, répondit-il sans se mouiller.
— Il fait ça pour ton bien.

L’adolescent se retint de dire que son père n’avait rien fait. Ce dernier s’était, comme souvent d’ailleurs, contenté de lui imposer une décision arbitraire. Pour éviter de débuter la semaine sur des reproches quant à son insolence, il retint sa langue.

Sa mère continua à défendre le point de vue paternel. De ce fait, elle tentait tant bien que mal de maintenir une certaine harmonie dans la famille. Son fils resta insensible à ses arguments, les écoutant d’une oreille distraite tandis qu’il étalait de la confiture sur ses tartines.

Lorsque son père arriva enfin dans la cuisine, il était cinq heures et demie. Corentin avait presque terminé son petit-déjeuner. Il engloutit le reste de ses tartines, puis vida les dernières gouttes de chocolat dans l’évier.

Après un rapide passage dans la salle de bain, il remonta dans sa chambre prendre le sac contenant ses affaires de classes et les vêtements qu’il ramenait à Rennes.

Le départ de la maison familiale fut, comme toujours, précipité. L’adolescent rejoignit son père dans la voiture et ils prirent le chemin de la gare. L’horizon commençait à s’éclaircir, mais la campagne demeurait plongée dans l’obscurité.

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