Fabrice avait terminé de ranger ses affaires bien avant la fin du cours. Son sac posé sur la table, il fixait la pendule placée du dessus du tableau. Lorsque la fin du cours sonna enfin, il fut le premier à se ruer hors de la salle.
Il dut néanmoins patienter cinq minutes avant d’apercevoir Corentin au milieu de la foule qui descendait l’escalier. Le regard perdu dans le vague, il n’accordait aucune attention aux autres lycéens autour de lui.
L’adolescent fut obligé de faire de grands gestes pour qu’il le remarque. Toujours aussi flegmatique, il se dirigea vers lui.
— On va où ? demanda-t-il dès qu’il fut à ses côtés.
— Cafet’, si tu as envie de boire quelque chose.
La queue devant la machine à café faillit les décourager. De plus, aborder le sujet qui leur tenait à cœur était impossible au vu du nombre de personnes alentour. Fabrice posa donc une question en apparence totalement neutre.
— Tu vois souvent Gwenaëlle ?
— Non, pas depuis la rentrée. Elle ne s’intéresse plus aux mêmes choses qu’avant.
L’embarras qui traversa les yeux bleus de Corentin le dissuada de poursuivre sur ce sujet. Celui-ci baissa la tête et plongea les mains dans ses poches.
Fabrice n’était pas dupe des sentiments que son ami entretenait à l’égard de Gwenaëlle. Il avait conscience de l’effort qu’il avait dû fournir pour sympathiser avec lui. Malheureusement, cette relation problématique était au centre de leurs préoccupations.
Il espéra cependant que Corentin parviendrait à surmonter sa jalousie afin de l’aider à comprendre la disparition de ses souvenirs.
Soudain, une évidence le frappa. Si, comme l’adolescent le prétendait, le sortilège d’exorcisme était responsable de l’effacement de sa mémoire, cela pouvait très bien être un acte volontaire. En effet, il n’avait aucun moyen de vérifier cette histoire de magicien maléfique que Gwen avait rencontrée sur Internet.
Absorbé dans ses pensées, Fabrice ne vit pas que la queue devant lui était terminée. Il fallut que Corentin introduise une pièce dans la machine et lui demande ce qu’il voulait boire pour qu’il émerge de ses réflexions.
Le regard qu’il porta sur son compagnon était chargé d’incompréhension. Se pouvait-il que cet adolescent timide soit en train de le manipuler afin de l’éloigner de Gwenaëlle ?
vendredi 26 mars 2010
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